Ces gens-là … Edito du mois de septembre par Jean-François Quantin

Si le racisme est unique, ses formes sont multiples. En France, toutes les études d’opinion montrent que parmi les divers rejets de « l’Autre », celui des Gens du voyage et des Roms arrive largement en tête. Pour mettre fin à certaines ambiguïtés, le MRAP affirmait clairement en 2000 que « le rejet des Tsiganes et Gens du Voyage, sous prétexte de leur origine ethnique ou de leur mode de vie et traditions, est une forme de racisme ». Le MRAP a toujours mené sans relâche le combat contre la discrimination dont cette population souffre et aussi contre la méconnaissance dont elle est l’objet.

Méconnaissance déjà de ce dont on parle. Surnommé « peuple mosaïque », cette population porte, selon les régions d’Europe où elle vit, des noms très divers. En 2005, le MRAP organisait un colloque "Tsiganes, Roms, Gitans, Gens du Voyage… ", afin de présenter la diversité de ces populations qui, maintenant, se reconnaissent et sont reconnues sous le nom de Roms. Leur culture et leur mode de vie est également l’objet de la plus grande confusion, comme par exemple leur rapport à la sédentarité, qui est en réalité, dans les différents pays d’Europe, la situation de la majorité de ces communautés.
La connaissance de l’histoire des Roms a certes progressé ces dernières années, mais pas nécessairement auprès du grand public, qu’il s’agisse de leurs origines, de leur déportation au XIe s. à partir de l’Inde et de leur dispersion à travers l’Europe, du racisme, voire de l’esclavage, dont ils furent partout l’objet. Les images stigmatisantes d’un peuple « nomade, musicien et pillard » circulent encore.
La part des Tsiganes dans le génocide nazi a longtemps été ignorée ou minorée. C’est en 2008 qu’une stèle était inaugurée à Barenton (50) sur le site du camp d’internement, suite à une campagne de 10 ans du comité local du MRAP et d’associations de Gens du Voyage. La reconnaissance la responsabilité de la France dans les internements de nomades a attendu 2016, avec la venue à Montreuil-Bellay du Président François Hollande.
A partir des années 90, une autre population Rom est venue d’Europe de l’est, à cause de leurs conditions de vie dégradées, des discriminations subies, de la guerre en ex-Yougoslavie. En 2000, un groupe d’associations, dont le MRAP, créa le collectif Romeurope. Aujourd’hui encore, le MRAP agit dans ce collectif qui veut favoriser l’inscription des Roms migrants dans le droit commun. L’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’UE en 2007 a facilité la circulation européenne, qui concerne en France environ 20 000 personnes.
Ces Roms migrants étaient tout désignés pour devenir des boucs émissaires. La stigmatisation des « campements roms » devient un enjeu politique. Les élus locaux, pour satisfaire une opinion marquée par le racisme, favorisent les expulsions, refusent la domiciliation, rendant quasiment impossible l’accès à l’école ou aux soins. Ce climat provoque parfois des violences, jusqu’à une véritable tolérance au meurtre.
Le MRAP participe activement à la lutte contre cette forme du racisme par des expositions, des spectacles, des colloques. Il est présent aux côtés des personnes concernées et de leurs associations. En 2012, il produit une exposition : « Les droits des Roms ? Les droits de l’Homme ! », où il décline les multiples discriminations qu’ils subissent. Le droit à la scolarité est âprement défendu par des collectifs de soutien. En 2020, le MRAP produit un court métrage à usage pédagogique : « Inscrire ma fille à l’école, pas simple ! ». En 2020, il produit une nouvelle exposition d’un point de vue et d’une qualité renouvelés : « Voyageuses, voyageurs, que veulent-ils ? ».
Le combat se situe aussi sur le plan juridique : en 2013, le directeur de Valeurs actuelles est condamné pour diffamation et provocation à la discrimination et à la haine pour sa « Une » du 22 août 2013 « Roms : l’overdose ». Le MRAP a également fait condamner Jean-Marie le Pen pour son triste jeu de mots : « Nous sommes comme les oiseaux, nous volons naturellement ».

Aujourd’hui, l’actualité de ce combat c’est l’organisation cet automne d’une série de trois formations, avec des intervenants de haut niveau, dont le programme est ci-dessous.. Ces formations sont ouvertes à tout public (pour les non adhérents inscription à contact@mrap.fr).
Une compréhension exacte est un élément de la lutte, et même un préalable.
Jean-François Quantin, co président du MRAP, septembre 2023

Retrouvez le programme de formation sur le site du MRAP

  1. L’antitsiganisme : une forme du racisme - Mercredi 4 octobre, 18h à 20h
  2. Les engagements du MRAP par rapport à l’antitsiganisme : le collectif Romeurope - Mercredi 18 octobre, 18h à 20h
  3. Les engagements du MRAP par rapport à l’antitsiganisme : réalisation d’une exposition avec des Voyageurs : et après ? - Mercredi 25 octobre, 18h à 20h