Face aux attaques de l’Etat turc, soutenons les habitant.e.s de Syrie !

Depuis le 20 novembre, l’État turc intensifie ses attaques contre la région du Nord et de l’Est de la Syrie avec des bombardements par drones et avions. Des dizaines de victimes civiles ont perdu la vie, des centaines sont blessées. En violation du droit international, de nombreuses infrastructures civiles ont été détruites : centrales électriques, silos à grains, hôpitaux, stations de pompage d’eau... Des centaines de milliers d’habitant.e.s kurdes, mais aussi arabes, syriaques, yézidis, tcherkesses, etc, sont menacés. L’État turc mène également une guerre de l’eau en asséchant le débit de l’Euphrate, impactant la vie de millions de personnes. La région est en état d’urgence humanitaire.

M. Erdogan menace désormais la région d’une nouvelle invasion terrestre, notamment le territoire de Kobanê, internationalement salué pour sa résistance décisive contre l’Etat islamique. Prenant prétexte sur l’attentat commis à Istanbul le 13 novembre, dont l’origine attribuée aux kurdes en Syrie a pourtant été largement démentie depuis, M Erdogan cherche, en vue de la présidentielle de 2023, à attiser le nationalisme pour faire oublier la situation intérieure sociale et économique désastreuse de la Turquie.
Cette escalade guerrière est la plus forte depuis les invasions de l’Etat turc menées en 2016 à Jarablus, en 2018 à Afrine et en 2019 entre Tell Abyad et Ras al Aïn. Dans ces territoires occupés, des milices supplétives islamistes font régner la terreur, commettant viols, assassinats, nettoyages ethniques, arrestations arbitraires et violations des droits humains - des faits documentés par l’ONU.
Les attaques de l’Etat turc font peser un grave danger sécuritaire pour la stabilité du
Moyen-Orient, et au-delà pour toutes nos sociétés en permettant la résurgence de l’Etat Islamique. Les régions occupées forment un terreau propice pour les membres de Daech dont la présence est avérée. Les offensives incessantes détournent les Forces Démocratiques Syriennes - la coalition militaire kurdo-arabe - de leur mission de lutte contre l’Etat Islamique. Des cellules dormantes recommencent à contrôler informellement certaines zones. Des attaques inédites et très organisées sont menées, comme l’assaut contre la prison de Hassakeh mené en janvier dernier, où Daech a tenté de libérer 4000 djihadistes.
Face au jeu mortifère des puissances internationales dans la région - de la Russie à l’Iran en passant par l’OTAN - qui réagira ? Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la situation. Ce qui se joue en Syrie nous concerne directement. Nous ne pouvons pas laisser ces attaques incessantes détruire la vie des populations civiles et menacer le projet de paix, de coexistence des peuples et d’égalité des genres qui s’expérimente dans la région du Nord et de l’Est de la Syrie. Nous ne pouvons pas accepter que celles et ceux qui ont perdu plus de 12 000 des leurs dans la lutte contre Daech continuent d’être abandonnés ou trahis par la communauté internationale. Partout où nous sommes, face aux politiques de guerre des États-nations, affirmons une diplomatie des peuples et des villes pour construire un monde de paix et de justice.
Nous, personnalités publiques, élu.e.s, membres d’associations, artistes, universitaires, etc :
• Déclarons solennellement que nous sommes toutes et tous concerné.e.s par la situation
au Nord et à l’Est de la Syrie et les risques de résurgence de Daech
• Demandons que des sanctions soient prises contre les bombardements, l’invasion et
l’occupation par la Turquie de territoires syriens
• Demandons une zone d’exclusion aérienne afin que cessent les attaques aériennes
• Affirmons notre soutien aux populations civiles et à toutes celles et ceux qui
administrent et font vivre la région du Nord et de l’Est de la Syrie
• Demandons à nos gouvernements d’agir et d’apporter tout leur soutien logistique et
financier pour répondre aux besoins des populations