MRAP Moselle-Ouest - Questionner l’esclavage Conférence de Jean-François Quantin, co-président du MRAP

L’exposition « Regards sur la traite et l’esclavage du 15ème au 21ème siècle » réalisée par l’association nantaise « les anneaux de la mémoire » a été disposée à la maison de l’étudiant sur le campus de l’ile du Saulcy à Metz pour une semaine du 25 au 29 avril. L’occasion pour le comité local du MRAP de Moselle Ouest de rencontrer les étudiants et de les inviter à visiter l’exposition et à un moment de réflexion. Un des avantages du lieu est qu’il est accessible à tous publics, étudiant ou non.
La conférence a réuni plus d’une vingtaine d’auditeurs le mercredi en fin de journée.
L’exposition sera installée le 10 mai dans le péristyle de l’hôtel de ville de Metz et visible jusqu’au 20 mai. Voir l’article qui lui a été consacré par le Républicain lorrain (29 avril 2022).

Après le rappel de la part prise par la France pendant trois à quatre siècles à cette entreprise de l’Europe occidentale qu’ont représenté le commerce triangulaire et l’exploitation dans les colonies américaines comme à La Réunion des terres et du travail des esclaves, l’orateur a soulevé plusieurs questions vives dans le débat des organisations antiracistes.
L’esclavage est un phénomène général des sociétés humaines ; il a existé dans l’antiquité et au moyen âge. A cette époque dans le monde occidental, les serfs ne sont plus achetés ou vendus mais dépendent étroitement du seigneur. On repère deux mouvements de traite antérieurs à la traite transatlantique, la traite orientale au moment du développement de l’empire arabe et la traite intra africaine. Il faut donc se garder des conflits de mémoire.
L’abolition s’est construite par la contribution de plusieurs courants. Un courant humaniste est apparu au 18ème siècle en Angleterre chez les quakers et en France chez les philosophes des lumières. Un courant économiste se développe au cours du 18ème siècle qui mettra en avant le coût et la faible productivité du système. Enfin, les révoltes seront nombreuses et incessantes. En témoignent les multiples évasions et le marronage. Tous ces courants ont convergé. Ainsi, la révolution haïtienne (1791) a été suivie par l’abolition décrétée par la convention en 1794. Après son rétablissement par Napoléon en 1802, l’esclavage sera finalement aboli par la 2ème République naissante en avril 1848. De 1794 à l’abolition au Brésil en 1888, il aura fallu près d’un siècle.
La reconnaissance de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité par la loi Taubira du 21 mai 2001 a ouvert un débat sur les réparations. Si un dédommagement matériel est impossible (de qui au profit de qui ?), face aux politiques de l’oubli le dédommagement moral est une voie engagée depuis une vingtaine d’années.
L’esclavage est aboli juridiquement dans l’ensemble du monde (dernière mesure en 2007 avec la loi criminalisant l’esclavage en Mauritanie), l’ONU estime qu’environ 40 millions de personnes vivent actuellement des situations diverses d’esclavage. Par cette mémoire, on mesure que la lutte permet d’avancer mais reste nécessaire.
Les réponses apportées à plusieurs questions et le débat qui a suivi ont permis d’approfondir la réflexion et les connaissances des personnes présentes.

Le journal Républicain Lorrain en parle ici.